Bienvenue dans la filière Comté !
Illustration de la volonté du Comté d’accueillir de nouveaux producteurs, la future « Fruitière du Valromey » ouvrira ses portes en mars, avec 14 exploitations. Et un fort engouement local.
Au pied du mythique Grand Colombier, Arvière-en-Valromey dispose d’une économie essentiellement basée sur l’agriculture, l’artisanat et le tourisme. Lorsqu’un projet de fruitière à Comté a émergé en 2018, reliant ces trois domaines d’activité, l’engouement de la population et des élus a été immédiat. « Vous n’imaginez pas à quel point les gens d’ici nous poussent », assure Jérôme Berthier, le président de la nouvelle coopérative à Comté dont l’ouverture est prévue en mars.
Avant, nos fermes manquaient cruellement de perspectives. Ce projet nous a franchement remotivés. Désormais, on travaille pour construire l’avenir. Chez nous, il a fallu stopper l’ensilage et faire un grand nettoyage dans notre exploitation. Et changer totalement nos pratiques ! Avant, les vaches avaient une ration d’hiver toute l’année. Nous découvrons le pâturage ! Au moment de céder notre affaire à un jeune, nous serons fiers et tranquilles du patrimoine transmis.
Eric Perrier, producteur à Arvière-en-Valromey / En Gaec « Du Moulin » avec Gilles Martinod
Le Comté, l’ADN passé et futur du Valromey
Le projet a démarré à quatre autour d’une table de cuisine, se souvient Jérôme Berthier. « Les conditions du grand groupe qui venait de racheter l’entreprise à qui nous livrions notre lait étaient désastreuses. Ça a été le déclic. Nous avons réuni tous les producteurs du secteur, la moitié s’est lancée. » Pour tous, c’est une manière de renouer avec le passé de leurs montagnes. « La fruitière à Comté, c’est l’ADN du Valromey. Nos grands-pères étaient producteurs de Comté. Mais après-guerre, il fallait « nourrir la France » et petit à petit, le paysage a changé. La dernière fruitière a fermé en 1991 à Ruffieu », se souvient Jérôme Berthier. Pour l’environnement aussi, le passage en Comté est salutaire : « 200 hectares de maïs en ensilage seront supprimés sur le Valromey et avec eux, les problèmes de pollution de la nappe d’eau qu’ils engendraient », assure le Président. En janvier, la construction se poursuivait. La Fruitière du Valromey produira 5 millions de litres de lait (dont 800 000 l de lait bio issus de quatre fermes), transformés en 300 t de Comté, affiné par Seignemartin et 200 t de raclette, ainsi que du beurre de baratte et du fromage blanc. Le fromager sera Christophe Boisson, secondé par Coraline François. Tout a été pensé dans cette nouvelle fromagerie pour que des femmes de petit gabarit puissent travailler. Que demander de plus, à part goûter ce nouveau Comté ?!
Je me suis installée en 2018 au moment où le projet de passer en Comté émergeait. Pour mon père et moi, en faire partie était une évidence. Mes grands-parents faisaient du Bleu de Gex et du Comté. Notre ferme est à 800 m d’altitude, nos prés montent jusqu’à 1200 m ; c’est logique de faire du foin. Mais l’investissement humain dans ce projet est énorme … On ne connaissait rien, nous avons visité des fruitières, vu des affineurs et eu la chance de faire de bonnes rencontres. C’est fou, il a fallu qu’une tuile nous tombe dessus pour que quelque chose de beau commence !
Victoire Vuaillat, productrice à Haut-Valromey / En Gaec « De l’élevage Vuaillat » avec son père Alain Vuaillat.
Je vis cette aventure avec les producteurs depuis le début. La FDCL de l’Ain les a accompagnés pour toutes les demandes de subventions, la réalisation des statuts, la réception du chantier, l’état des lieux … Nous avons réalisé le chiffrage des investissements nécessaires au passage en Comté dans les 14 fermes, etc. Une nouvelle fruitière à Comté dans l’Ain, c’est formidable !
Christine Ménétrieux, animatrice de la Fédération Départementale des Coopératives Laitières (FDCL) de l’Ain.