Optimisation du pâturage, valorisation de la ration de base, entretien des haies, limitation des fertilisants minéraux…
Les filières d’appellation du massif jurassien, dont le Comté, se sont construites au fi l des siècles en utilisant raisonnablement les ressources de leur terroir, sans les épuiser pour transmettre ce précieux patrimoine aux générations uivantes.
Les cahiers des charges des AOP du massif du Jura vont dans ce sens, mais parfois les producteurs font encore mieux : plein d’initiatives, ils mettent en place des actions qui vont bien au-delà. A travers dix témoignages d’éleveurs de toute la zone, la brochure Produire du lait AOP en harmonie avec l’environnement du massif jurassien se penche sur dix thématiques : optimisation du pâturage, entretien des haies, valorisation des pré-bois dans le Haut-Jura, limitation de la fertilisation minérale, autonomie de l’exploitation, valorisation de la ration de base, fauches tardives, diminution des antibiotiques, structure des sols et enfin diminution des phytosanitaires. Les agriculteurs présentent des pratiques qui fonctionnent, au quotidien, sur leur exploitation. Ces témoignages n’ont pas vocation à devenir parole d’Evangile ! Mais ils peuvent servir de base de réflexion à chacun sur ses propres pratiques.
Découvrez dans cette brochure ci-dessous éditée par l’URFAC les témoignages d’agriculteurs de la zone AOP qui s’efforcent de produire efficacement, tout en respectant l’environnement.
Extrait du témoignage d’Alain Chapuis de Saint-Antoine
« Nous avons la chance, à Saint-Antoine, d’être sur un terroir intéressant, avec de bonnes terres. On peut faucher assez tôt dans la saison et avoir un foin de qualité », note Alain Chapuis. Depuis son installation en 1996, cet atout lui a permis de diminuer progressivement la quantité de concentré donné aux vaches laitières.
« Le travail sur la génétique de mes vaches, sans qu’il soit trop poussé, m’a donné les moyens d’arriver à 7800 kg de lait par lactation, en donnant l’hiver entre 3 et 7 kg de concentré par jour (VL 24 avec 21,3 % d’amidon/kg brut), et 2 kg en été pour les meilleures laitières (VL 18). Les vaches sont des ruminants avant tout, ne l’oublions pas. Baisser la farine l’été tient du bon sens, cela évite d’avoir des refus au pâturage. Je préfère écrêter le pic de lactation et avoir une vache qui produit régulièrement tout au long de la lactation. C’est pourquoi je ne pousse pas mes vaches à la farine. »
Une stratégie qui nécessite aussi des concessions […].
Julia Fleury : « Un bon pilotage du pâturage est essentiel en Comté »
Julia Fleury, cheffe d’exploitation agricole du LEGTA Montmorot situé en plaine, témoigne de la capacité des vaches à bien valoriser l’herbe au pâturage.
L’exploitation du lycée agricole de Montmorot est née en 1970 dans un but pédagogique. Véritable unité économique, elle dispose de 162 ha de Surface Agricole Utile dont 25 hectares en culture pour la consommation des bêtes : orge, maïs grains, blé et méteil. Le reste est partagé pour moitié en prairies temporaires et en prairies permanentes. Les 50 vaches laitières en moyenne sur l’exploitation produisent 362 000 litres de lait collectés par la Fruitière des coteaux de Seille à Lavigny, ainsi que 5 000 litres de lait pour la cantine du lycée. Julia Fleury, responsable de l’exploitation, a le souci de transmettre aux élèves, futurs agriculteurs, de bons réflexes pour valoriser l’herbe au pâturage. « Nous leur montrons chaque jour que les vaches sont capables de valoriser l’herbe, permettant de produire de manière économique. Le pâturage demande un réel pilotage, essentiel dans le système Comté. »
Ainsi, ce printemps, elle faisait le point sur le début de saison aux alentours du 29 mai : « Nous disposons, depuis le début du printemps de 13 parcelles représentant 60 ares par vache. Malgré le ralentissement de croissance d’il y a quelques semaines, nous avons pu débrayer quelques parcelles en fauche fin avril, dont nous disposons à nouveau aujourd’hui pour le pâturage ou d’éventuelles deuxièmes coupes. Nous avons donc à ce jour 14 jours d’avance avec des hauteurs d’herbe qui s’échelonnent de 5,2 à 10,4 cm. Cela va nous permettre d’anticiper en fonction des conditions de pousse : débrayer des parcelles en regain pour tourner sur 40 ares / VL si la croissance se maintient, ou pâturer sur une surface plus large, mais toujours au bon stade (entre 6 et 12 cm) si l’eau ne vient pas suffisamment. Enfin ces parcelles avec différentes hauteurs d’herbe nous permettent de pâturer au meilleur stade et ainsi d’avoir un niveau de production à 30,8 kg / vache / jour avec 33,6 g / kg de TP pour une complémentation moyenne de 3,5 kg de céréales et 300 g de tourteaux. »