Au Contrôle Laitier du Jura, Pierre-Emmanuel Belot suit les dossiers qui font avancer le Comté.
L’expression « boire du petit lait » est plus que pertinente. La fonction peut expliquer la chose, mais elle ne serait rien sans la ferveur manifestée par Pierre-Emmanuel Belot à la raconter et à en faire comprendre les enjeux. Depuis février 2001, date de son entrée au Contrôle Laitier du Jura en qualité de responsable d’encadrement technique, ayant en charge l’alimentation des vaches et la qualité du lait, Pierre-Emmanuel Belot voit la vie en blanc. Le lait est son univers.
Originaire du Pays de Montbéliard, né dans une famille de tradition agricole, il passe par le lycée de Dannemarie-sur-Crête, jusqu’à un BTS, et connaît sa première véritable expérience professionnelle à Rodez, chez Lactalis. Au menu : du lait, déjà. Le lait de brebis qui sert à fabriquer le roquefort. Une expérience qui laisse quelques bleus à l’âme. « Par rapport à ce que je connaissais des méthodes comtoises, je n’étais pas satisfait. »
Retour donc au pays, d’abord à la Chambre d’Agriculture du Jura, comme technicien chargé du secteur des lacs, avant l’arrivée au Contrôle Laitier. « Notre métier, c’est d’abord de faire produire du lait aux vaches, de répondre aux demandes de nos adhérents et à leur mode de fonctionnement, et chacun est libre de ses choix. Mais notre philosophie du contrôle laitier, c’est de ne pas produire à n’importe quel prix et pas n’importe comment. C’est la qualité du litre de lait qui est primordiale. Ensuite il y a une réalité : la filière Comté fait vivre l’agriculture jurassienne. Nous avons un partenariat permanent avec le CIGC, des relations nouées de longue date par Philippe Grosperrin*. »
À travers le Contrôle Laitier, et en collaboration avec ses collègues du Doubs et de l’Ain (Daniel Pourchet et Pierre Fatet), Pierre-Emmanuel Belot participe à des dossiers aussi importants que la qualification des élevages ou l’autonomie protéique. «L’opération de qualification des élevages est complètement originale. C’est une belle réussite : toutes les exploitations ont été auditées en cinq ans.»
L’autonomie protéique lui tient particulièrement à coeur. Il est acquis à la démarche du CIGC : « Pour choisir la nourriture de ses animaux, l’éleveur ne doit pas se retrouver face à un écran de fumée impénétrable qui le pousserait à renoncer à son libre arbitre. Nous avons beaucoup appris en suivant les exploitations déjà autonomes en protéines. Elles sont rentables. Nous remettons la vache, l’herbe et le foin à leur vraie place. C’est aussi plus d’indépendance pour les producteurs et pour la filière. Au final, c’est le Comté qui en profite, pour son image, et sa qualité. Le consommateur y est sensible. »
Avec les 25 techniciens du Contrôle Laitier, Pierre-Emmanuel Belot privilégie la présence sur le terrain, écoute beaucoup, organise des « rencontres de pâturages », ne néglige pas le volet génétique et n’est pas mécontent d’afficher pour l’année 2005 une moyenne de 33 grammes de protéines par litre de lait produit. Un record qui motive. «Je vois beaucoup de collègues au niveau national et nous sommes enviés. Le prix du lait payé dans la filière en est le meilleur exemple. Ça ne peut que donner envie d’aller plus loin. » Le lait, façon Pierre-Emmanuel Belot, n’a pas fini de faire du foin !
* Philippe Grosperrin est directeur du contrôle laitier du Jura.