Philippe Canteux, tout quitter… pour se retrouver

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«Le rêve ne nourrit pas et l’élevage laitier reste le moteur de l’exploitation.»

Tout quitter pour changer de vie. C’est le titre de la nouvelle émission de Jean-Luc Delarue qui a réuni des millions de téléspectateurs, cet été, et qui s’appuie sur un fantasme partagé par beaucoup de Français : tout quitter, pour tout recommencer, ailleurs. Philippe Canteux, agriculteur à Chaux-des-Près dans le Jura, aurait pu participer à l’émission. Car il fait partie de ces 2,5 millions de français qui ont sauté le pas entre 2005 et 2008, lâchant une carrière toute tracée et une vie confortable pour se lancer dans l’inconnu.

Masseur kinésithérapeute, Philippe Canteux habitait une des stations les plus connues des Alpes, Morzine. Son cabinet lui assurait un chiffre d’affaires régulier, il voyageait dans le monde entier, il exerçait comme kiné de l’équipe de France de VTT, il côtoyait la clientèle chic de la ville… À 43 ans, il a tout quitté pour réaliser son rêve, un rêve qu’il porte en lui depuis toujours : créer un parc animalier. Mais la réalité n’a pas été à la hauteur de ses espérances. Le marché touristique en Haute-Savoie est saturé, et la pression foncière est telle qu’on lui conseille de regarder vers d’autres sommets… Le Jura est encore une terre à défricher !

Le Jura, nouvel Eldorado touristique ?

La recherche d’un site adapté à son projet de parc animalier le conduit dans le Haut-Jura où il tombe sous le charme d’une combe isolée, entre Prénovel et les Rousses et d’une vieille bâtisse datant de 1792. La ferme, entourée de 65 hectares de prairies et de forêts cherche un repreneur.

Autre atout : c’est une ferme pédagogique qui accueille des enfants toute l’année. Banco. Le 1er novembre 2006, Philippe Canteux et Céline, son épouse, monitrice de ski, décident de franchir le cap. Philippe n’a aucune expérience en élevage laitier, seulement de vagues souvenirs : ses grands-parents produisaient du lait en Normandie. Pourtant, depuis 2 ans, il trait, soigne et suit les vêlages d’une quarantaine de montbéliardes dont le lait est transformé en Comté et en Morbier à la coopérative de Grande Rivière-Morbier. Avant de s’installer, l’ancien kiné passe quelques mois au CFPPA de Montmorrot, puis termine sa formation par correspondance pour revenir travailler sur l’exploitation.

Il décide d’embaucher un salarié expérimenté pour suivre le troupeau. Pendant un an, Philippe apprend et observe. Un projet de Gaec l’incite à développer des activités annexes : ferme pédagogique avec le réseau Bienvenue à la Ferme, élevage de lamas, pension de chevaux, balades et ski-joëring.

« S’il n’y avait pas eu le volet touristique à développer, nous n’aurions jamais repris la ferme », reconnaît Philippe Canteux. Avec le recul, il ne regrette pas son choix : « L’élevage me plaît, je me sens à l’aise. J’ai découvert un métier aux multiples possibilités, complexe et passionnant. Travailler pour des AOC est également très valorisant. Pour être producteur en AOC, il faut nécessairement faire de la qualité. »

Un mental de gagnant

Tout quitter pour changer de vie, est-ce finalement la clé du bonheur ? « Nous travaillons encore dans des conditions difficiles, avec des bâtiments qui ne sont pas mis aux normes et des problèmes de gestion des effluents. Quand le nouveau bâtiment sera fini, je crois que ce sera ma plus grande satisfaction ! », conclut Philippe en bon agriculteur qu’il est devenu. De sa vie passée, il garde un mental de gagnant. Cet ancien dirigeant de l’équipe de hockey sur glace de Morzine sait que rien n’est acquis, surtout en élevage, et qu’il faut remettre son titre en jeu, chaque année.

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