Les grands bonds en arrière de Michel Vernus

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Il fut d’abord un sauteur en longueur de haut niveau. Avant de remonter dans le temps pour le plus grand bonheur de l’histoire du Comté.

Jurassien, né à Véria, dans la Petite Montagne Jurassienne, il connaît une enfance « à la Pergaud » dans les environs du pays, à courir les bois, et autour de la fruitière. « J’allais chercher le lait avec une berthe, comme on appelait les bidons de lait, et on arrivait bien à avoir un morceau de rognure. Une partie de la famille étant bourguignonne, chaque fois que nous allions la visiter dans la région d’Auxerre, mon père emportait une meule de Comté qui était partagée entre tous. C’était l’occasion d’un grand cérémonial ! »

Dans les années 1950, Michel Vernus poursuivait de front études et sports. Champion de France de saut en longueur – et pas manchot sur 100 mètres : 11 secondes – international, il délaisse ensuite la compétition au profit des grands bonds en arrière du métier d’historien.

Passées les études à Lyon, il débute dans l’enseignement à Arbois en 1960 où il revient après le service militaire, où sa condition de sportif de haut niveau lui permet d’intégrer le Bataillon de Joinville, sans échapper à l’Algérie. Ensuite, l’agrégation en poche, il prend la direction de Dijon pour intégrer le nouvel IUT, où il se spécialise dans l’histoire du livre. La carrière se prolonge à Besançon, à l’IUFM puis à la Faculté d’Histoire.

En tournant des milliers de pages consacrées à l’histoire comtoise, il y retrouve l’odeur du Comté. Mais pas assez à son goût. « Je me suis lancé dans cette histoire. À travers une histoire du produit, j’ai voulu écrire celles des hommes. » Cinq années de recherche plus tard, il publie donc en 1989 Le Comté, une saveur venue des siècles, un classique désormais introuvable en librairie. « On se trouve face à une histoire qui n’a jamais été facile, mais quelque soit la façon de voir les choses, la grande originalité reste l’organisation de base, la fruitière. »

Ses découvertes se prolongent avec deux autres ouvrages consacrés aux fromages : l’un à la famille des gruyères et l’autre au vrai « pays du fromage ». Ce pays étant bien sûr la Franche-Comté (voir les références ci-contre). Toutes ses recherches le confortent dans ses convictions : « On se retrouve avec un produit qu’il faut défendre. Le passeport, c’est la qualité. »

Retiré de l’enseignement, Michel Vernus poursuit ses voyages dans le temps avec une énergie sans pareille. Avec pas moins de 42 ouvrages publiés et plus d’une centaine d’articles et études, l’ancien sprinter est devenu un auteur de grand fond.

Le Comté, une saveur venue des siècles, édition Textel, Lyon, 1988, 300 p., Prix Pergaud 1989. Epuisé.

Une saveur venue des siècles, Abondance, Beaufort, Comté, Gruyère, Cabédita, 1998, 151 p.

Le pays du fromage : la Franche-Comté, Alan Sutton, 2001, 168 p., en collaboration avec Daniel Greusard.

Derniers livres parus : Hier en Franche-Comté, traditions et cuisine avec son épouse Annick. Ma Franche-Comté et La République au village dans le département du Jura.

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