Fontain a trouvé son équilibre entre périurbanisation et agriculture
> Par Pascal Bérion
Maître de conférences en Aménagement de l’espace et urbanisme • Université de Bourgogne-Franche-Comté / Laboratoire ThéMA UMR CNRS 6049
Fontain est un village situé au sud de Besançon. Si, par le passé, la commune était principalement animée par les activités agricoles et deux fruitières, elle s’est plus récemment développée sous l’effet de la périurbanisation. La proximité immédiate de la capitale comtoise et de routes importantes à l’échelle régionale, ainsi qu’une situation topographique offrant une vue dominante sur les plateaux du massif du Jura ont favorisé une puissante extension de l’habitat pavillonnaire. Les statistiques sont sans appel. En 1962, la commune comptait 320 habitants, aujourd’hui ils sont presque 1 300 ! Une pareille évolution n’est pas sans conséquences sur l’agriculture. Les lotissements se sont construits sur des prés et des pâturages et les fermes traditionnelles du centre du village ont progressivement disparu ou déménagé au cœur du finage.
Les douze exploitations de la fruitière valorisent 1 500 ha de surfaces agricoles composées pour plus des trois quarts de prairies. Le système de production des éleveurs de la fruitière de Fontain est à tendance extensive. Il est fondé sur une forte autonomie fourragère des exploitations, assurée par les prairies et les cultures, dont le développement est commode sur le premier plateau.
Le terroir de la fruitière se décline autour de trois unités agropaysagères :
- Le faisceau bisontin : il s’agit d’une formation plissée étroite, modelée par l’érosion, située entre les plateaux d’Ornans et de Besançon. Fontain est situé sur le crêt de l’anticlinal des Mercureaux. Les finages de Busy, Larnaud, Pugey et en partie celui de Fontain relèvent de cet ensemble à la topographie tourmentée ;
- Le plateau de Saône-Ornans : ici l’utilisation du sol est intimement liée aux effets de l’érosion karstique du substrat calcaire. Une large partie de cette unité correspond au polje de Saône. Il s’agit d’une vaste dépression fermée au sein de laquelle les eaux pluviales, collectées sur le plateau, sont bloquées en profondeur par des formations marneuses imperméables. La vidange s’opère par le ponor (une perte) du Creux-sous-la-Roche à Saône. Le ponor du marais de Saône alimente la source résurgence d’Arcier. L’eau qui y jaillit a mis environ 5 ans pour y parvenir, cela témoigne de l’importance de la réserve stockée dans le polje de Saône !
- La reculée de la Loue : elle concerne le finage de Cademène et adopte une forme originale à deux étages. La vallée est étroite, encaissée, recouverte d’une forêt et de quelques lambeaux de prés en bord de Loue.
Les fruitières de Fontain ont été fondées en 1855. En 1929, elles ont transformé en Gruyère 500 000 litres de lait. Cependant la production de fromages dans ce secteur semble antérieure. Un courrier daté d’août 1280, figurant dans le Cartulaire de Hugues de Chalon, mentionne une « fructerie » à Rurey, village dont les producteurs ont rejoint celle de Fontain dans les années 1990. A Fontain, les éleveurs ont réussi à transformer en atout la proximité de la ville, en réorganisant tout d’abord leur foncier grâce à un remembrement, ensuite en installant les stabulations au sein de leur parcellaire réaménagé et enfin en se saisissant de l’intérêt des consommateurs pour les circuits courts en proposant les produits de leur terroir.