Productrice de lait à Septmoncel dans le Haut-Jura et monitrice de ski, Laurence Moyse court après un équilibre de vie qu’elle semble avoir atteint. Rencontre avec une femme authentique, en pleine nature.
La combe de Chapy, le Bief enragé, les gorges de Flumen… Le massif du Haut-Jura et ses paysages époustouflants fascinent cette enfant du pays. Une à deux fois par semaine, à la belle saison, elle enfile ses baskets et avale entre 10 et 20 kilomètres, en petite foulée, pour rendre visite à ses vaches qui sont au pré. « Je n’ai pas besoin de 4X4 » s’amuse cette sportive qui allie sa passion pour la course (elle participe à une quinzaine de trails par an) et son activité professionnelle.
Laurence Moyse a repris la ferme de ses parents en 1991. « C’est une petite exploitation d’une quinzaine de vaches et 60 ha de prairies naturelles avec beaucoup de prés-bois. Les 80 000 litres sont transformés en Comté, Morbier et Bleu du Haut-Jura », explique-t-elle. Pour elle, qui travaillait déjà à la ferme comme aide familiale, il s’agit d’une continuité logique et nécessaire, « sinon l’exploitation disparaissait ».
En parallèle, elle conserve son activité de monitrice de ski et d’accompagnateur de moyenne montagne, avec des sorties raquettes en hiver qui finissent souvent par des discussions sur le métier d’agricultrice, la richesse de la faune et de la flore locale, autour d’une tasse de thé et d’un morceau de Comté. « Ce sont des personnes en retraite, des vacanciers qui ont plaisir à découvrir ce lien avec le pays. Je leur conseille bien sûr d’aller découvrir la fromagerie des Moussières avec sa galerie de visite rénovée », explique Laurence, qui fait partie du conseil d’administration de la coopérative.
Durant la pleine saison, entre les vaches et l’école de ski, elle arrive quand même à accrocher à son planning 4 ou 5 compétitions de ski nordique et ne rate jamais la mythique Transjurassienne, dont le départ est donné à deux pas de chez elle, depuis Lamoura. « C’est une belle course de masse où tout le monde s’élance, ensemble, pour 76 km de glisse, jusqu’à l’arrivée à Mouthe ! ».
La famille Moyse vit dans une vraie ferme à l’ancienne. Le bâtiment d’élevage et la maison d’habitation font corps. L’étable et la grange à foin tempèrent les hivers rigoureux.
« Sur la ferme, j’ai simplement essayé d’améliorer l’existant : nous sommes passés des petites bottes de foin aux balles rondes. Nous avons installé une griffe à foin et remplacé la traite au pot par un pipeline ». Son mari, qui est entrepreneur de travaux forestiers, prend le relais auprès des animaux quand elle est à l’école de ski. « Nous travaillons tous les deux localement, c’est un choix de vie ».
Leurs deux garçons, scolarisés en sport études, suivent les traces de leur maman, souvent classée et qui fut N°2 mondiale en 1995 sur toute la saison longue distance. « Ce qui me motive dans ces courses, c’est de se fixer des buts. C’est important. Et puis, à 47 ans, ça me maintient en forme ! Je rencontre aussi beaucoup de personnes de tous milieux. Si je vivais uniquement sur la ferme, l’isolement serait trop grand… Je préfère rester « petit » et diversifié ! »