Nouveau bâtiment depuis trois ans à Bulle, confort de travail amélioré et renouvellement des générations de producteurs : la coop entre dans une nouvelle ère.
Les 17 sociétaires de la coopérative sont fiers du travail accompli, contents et soulagés d’avoir pris la bonne décision. Dès 2016, des discussions se sont ouvertes au sein de la coopérative pour étudier l’éventualité de construire un nouveau bâtiment. En effet, les locaux historiques, datant de 1864 et situés au cœur du village de La Rivière-Drugeon, n’étaient plus aux normes, malgré les derniers travaux effectués en 1995. Le litrage avait augmenté, du fait de l’arrivée de deux nouveaux producteurs à la coopérative, et la gestion des rejets, en amont du Drugeon, devenait une préoccupation. Il fallait donc agir et décision a été prise, en juin 2017, de déménager. Les sociétaires ont alors logiquement cherché un terrain à La Rivière-Drugeon, puisque la très grande majorité des fermes de la coop sont là-bas. Mais ils n’ont malheureusement trouvé aucun terrain disponible dans leur village !
On ne peut pas attendre
« La Direction Départementale des Territoires nous a proposé d’attendre que le PLU intercommunal soit signé. Nous étions en 2018, il a été signé en août 2022. Impossible pour nous d’attendre autant », explique Alain Pilod, président de la coopérative. C’est donc avec regret, au départ, que les sociétaires ont opté pour un terrain dans la zone commerciale de Bulle, 4 km plus loin. Aujourd’hui, tous sont très satisfaits de leur décision et considèrent avec le recul : « si nous avions attendu, vu la hausse des taux d’intérêt et des prix des matériaux, nous n’aurions plus eu les moyens d’investir dans ce nouvel outil ». Autre motif de satisfaction : le magasin, avec une plus grande offre de produits régionaux, a triplé son chiffre d’affaires depuis le déménagement.
Place aux jeunes et fierté aux anciens
La coopérative est entrée depuis peu dans une phase de renouvellement des générations. Le président, qui rendra son tablier l’an prochain après 31 ans de bons et loyaux services (il était aussi président de l’UCAFT pendant 15 ans), peut en témoigner puisqu’il transmet à son fils ! « L’an dernier, quatre jeunes producteurs sont entrés dans la coopérative pour, à terme, prendre la place d’un père ou d’un oncle », assure-t-il. Et l’un de ses collègues d’ajouter : « Nous avons investi (une belle somme !) pour les générations futures et sommes fiers de laisser un bel outil de travail à nos jeunes. Nous avons aussi souhaité garder notre porcherie, occupée par Agriporc qui nourrit 2000 porcs par an avec le petit-lait de notre fromagerie. Ces animaux partent en filière comtoise pour l’élaboration des saucisses de Morteau et de Montbéliard. Nous avons le sentiment d’être cohérents dans nos pratiques … »
Damien Sievert, la passion du lait et des vaches
Si Damien Sievert en avait eu l’opportunité, il serait peut-être producteur de lait à Comté plutôt que fromager. Il avait été, reconnait-il, assez déçu que son père ne reprenne pas l’une des fermes de ses quatre grands-parents paysans. Il se serait bien vu prendre sa suite …
Mais lorsque Damien, originaire de Bians-les-Usiers, est entré en BTS lait à Mamirolle en 1995, il a tout de suite su que c’était son truc. « Petit, j’habitais à 50 m de la ferme où j’allais aider à traire et à 100 m de la fromagerie de Sombacour où j’allais démouler les fromages », explique cet homme discret. Après l’obtention de ce premier diplôme fromager en 1997 et un an d’armée, il a effectué un Certificat de Spécialisation Pâte Pressée Cuite en alternance à la coopérative de Déservillers. Sa carrière a débuté en tant que second à Longevilles-Mont-d’Or pendant deux ans. Elle s’est poursuivie au grade supérieur de fromager à Andelot-en-Montagne de 2001 à 2004, date de son arrivée à La Rivière-Drugeon. Un retour aux sources !
Faune & flore locales
Le syrphe ceinturé / Episyrphus balteatus
Il fait partie des syrphes (groupe des mouches) les plus répandus dans la région. La larve est un grand prédateur de pucerons avec 215 espèces consommées ! L’adulte consomme quant à lui du pollen, du nectar et du miellat (principalement d’Apiacées blanches) et contribue activement à la pollinisation. Cette espèce, qui affectionne les lisières, est sensible au surpâturage et se développera mieux si la taille des haies en bordure des prairies n’a lieu qu’une fois par an.
La gesse à feuilles de deux formes / Lathyrus heterophyllus
Cette légumineuse se comporte comme une liane dans les lisières et les ourlets, mais s’observe aussi dans les pelouses ou prairies maigres en altitude. Sa tige est ailée. Les feuilles de la base sont composées de deux folioles ovales, alors que celles de la tige en ont quatre, d’où son nom d’espèce. Les fleurs rose fané forment une petite grappe longuement pédonculée. Sa floraison tardive lui permet de s’épanouir de juillet à septembre.
Des Comté au caractère affirmé !
Les Comté de la fruitière de La Rivière-Drugeon s’affinent lentement pour développer une large palette d’arômes plutôt avancés. A la cassure, la pâte révèle des nuances de crème maturée, miel, pâtes plus ou moins gratinées et quelquefois une note aillée.
En bouche, la texture grasse des fromages libère au fur et à mesure les arômes ; elle est aussi bien soluble, onctueuse et mûre. Le torréfié et le lactique dominent avec des notes de chocolat noir, amandes et/ou cacahuètes torréfiées, oignon grillé, crème maturée et beurre fondu. Ces notes s’accompagnent souvent de nuances de cuir ou de sous-bois et renforcent le côté rustique des fromages. On découvre aussi des arômes fruités, plus subtils qui caractérisent le goût de certains fromages avec des notes de jus d’agrumes, miel toutes fleurs et ananas. Les saveurs soutenues mettent en relief cette palette d’arômes persistants tout au long de la dégustation !