Depuis 2014, EVA Jura collabore avec 15 exploitations pour étudier les conséquences de la fauche, du fanage et du séchage sur la valeur nutritionnelle des fourrages.
« Plusieurs agriculteurs voulaient comprendre à quel moment le foin perdait de sa valeur », explique Florian Anselme. Dès 2014, l’équipe d’EVA Jura s’est penchée sur la question. Quinze exploitations ont prélevé des échantillons d’herbe à chaque stade : herbe fraîche, fauche, coups de pirouette, mise en andain, récolte, séchage et lors de l’alimentation des animaux en hiver.
L’analyse a porté sur trois critères : le taux de matière sèche (MS), l’unité fourragère (UF, soit la valeur énergétique) et la matière azotée totale (MAT, soit la teneur en protéines). A chaque fois, les professionnels ont noté les dates, les heures et la météo.
EN CONCLUSION : Les pratiques de fanage sont multiples et personne ne possède LA recette miracle. Cette étude a surtout pour objectif d’inviter les agriculteurs à s’interroger sur leurs pratiques, pour en améliorer l’efficacité.
ET MAINTENANT ? En 2019, EVA Jura et les agriculteurs vont tester une technique pour sonder les fourrages et mesurer le taux de matière sèche au champ : cela permettra de donner des curseurs aux exploitants afin de décider des actions à mener (refaner, mettre en andain, rentrer le foin, etc.)
Par ailleurs, l’équipe va tenter de quantifier le coût de production du fourrage (gasoil, électricité) et le différentiel de rendement entre prairies naturelles et permanentes
Témoignage d’Emmanuel Ferreux, EARL des Cèdres à Gillois
«Depuis 2014, j’ai expérimenté plusieurs théories. L’enseignement majeur repose sur la maîtrise du taux de matière sèche : il faut le faire monter rapidement à 40 ou 45 % après la fauche, mais surtout ne pas trop travailler le foin au-delà de 70 %. Il n’y a pas de recette miracle. L’étude m’a enseigné la sagesse ! Même pendant les foins où nous sommes un peu dans la précipitation,
il faut se poser les bonnes questions, prendre du recul et s’éviter parfois de longues heures de travail inutiles qui auraient comme conséquence d’altérer la qualité du foin.»
Témoignage de Fabien Martelet, Gaec des Hortensias à St-Laurent-en-Grandvaux
«Je voulais connaître les incidences de la mécanisation sur le foin. On me disait que je pirouettais trop, mais je voulais que mon foin sèche. On a fait des prélèvements à chaque étape : faucheuse, faneuse, andaineur. Effectivement, les études ont montré qu’à chaque coup de pirouette, la matière sèche bougeait peu, mais la valeur du foin chutait. J’ai donc réduit le nombre de passages. Aujourd’hui, on sèche en vrac au système solaire. Deux coups de pirouette suffisent et le foin n’a jamais été aussi bon ! L’étude m’a appris que rien ne sert de faucher si on ne peut pas rentrer le foin. On fauche 7 à 8 ha grand maximum / jour qu’on laisse deux jours maxi dehors.»