Après dix ans en Irlande et deux ans en Nouvelle-Zélande, Marie Roy, originaire du Nord Jura, développe sa passion du pâturage au Gaec du Sauget, à Vevy.
Là où le quidam voit un simple brin d’herbe, Marie Roy, agricultrice en Comté à Vevy (premier plateau jurassien), distingue du Ray grass, du pâturin, du dactyle, de la fléole, de la minette, du lotier, du trèfle blanc… Il faut la voir, casquette vissée sur la tête, en train de mesurer la largeur du pré à grands coups d’enjambées, pour évaluer l’équivalent matière sèche de la parcelle en fonction de la hauteur de l’herbe !
Marie Roy est une passionnée de son métier -« je l’adoooore ! »- et une grande défenseuse du pâturage. Son parcours l’explique sans doute : fille de paysans à Chevigny dans le Nord Jura où son frère a repris la ferme familiale, l’éleveuse a passé dix ans en Irlande à la tête d’une ferme avec 80 % d’herbe pâturée, et deux ans en Nouvelle-Zélande où elle a été « farm manager » jusqu’en 2009. « Je suis revenue dans le Jura ensuite et j’ai repris une exploitation individuelle à Vevy qui a brûlé il y a un an et demi. Gros coup dur pour Marie Roy, par ailleurs mère de trois filles. Ça a été diffi cile, mais les collègues de ma super coop’ de Lavigny et mes voisins ne m’ont pas lâchée et ont fait preuve d’une solidarité exceptionnelle. »
L’herbomètre toujours à portée de main
Aujourd’hui, la jeune femme qui vient de fêter ses 40 ans est en Gaec depuis janvier avec Mickaël et Florian Pelletier, à la ferme du Sauget, toujours à Vevy. « Nous avons regroupé les troupeaux en avril 2015 et cela se passe très bien. J’ai observé pendant un an la manière des garçons de gérer le pâturage et depuis cette année, j’ai repris la main. Je me sers beaucoup de cette période d’observation initiale. »
Avec son herbomètre, rapporté de Nouvelle-Zélande, Marie Roy calcule la hauteur moyenne d’herbe de chaque parcelle tous les lundis. Pendant deux heures, elle évalue et tranche : celle-ci ira en foin, cette autre servira au pâturage. Parfois, en situation d’excédent, elle se réserve la possibilité de faucher devant les vaches. En fonction de la météo et des divers aléas, l’agricultrice ajuste l’agenda, toujours en concertation et en confiance avec ses deux associés.
Marie, Mickaël et Florian ne labourent pas en raison de sols peu profonds et n’épandent pas de lisier sur leurs pâtures. Ils effectuent des semis d’herbe fin août et décident du mélange à opérer – quelles graminées, quelles légumineuses ? – en fonction des prés, des analyses de sol et de l’utilisation de la parcelle.
Les bonnes années, les vaches pâturent du 15 février au 5 décembre et consomment en moyenne 4 kg de concentrés par vache / jour, pour des coûts alimentaires très bas.
« Le pâturage est de loin la solution la plus économique si elle est bien gérée, assure Marie Roy. Bien sûr, c’est plus long que d’ouvrir une botte de foin et il faut accepter les irrégularités de la production de lait, mais c’est très rétribuant et cela cause aussi beaucoup moins de soucis sanitaires. »