Fruitière de Rix-Trébief : un écrin pour les arômes

Fruitière de Rix-Trébief : un écrin pour les arômes.jpeg

Tout à leur affaire pour être à la hauteur en matière de qualité, les sociétaires de Rix-Trébief en appellent aux vertus de la solidarité collective dans la gestion de la filière.

Une vingtaine de sociétaires pour des villages qui regroupent, au total, même pas 200 habitants: c’est dire le rôle de la fruitière de Rix-Trébief – on prononce ri-trébié – dans la vie du pays… «Depuis 1992, explique le président Michel Bourgeois, nous n’avons connu qu’un seul départ en retraite sans reprise. Nous avons enregistré six installations de jeunes agriculteurs entre 1992 et 2000, et six encore de 2000 à 2005.» L’actuelle fruitière est née en 1964 du rapprochement des coops de Rix et de Trébief qui, à l’époque, étaient encore deux villages distincts.

La fromagerie est restée sur le site de Rix avant d’accueillir en 1990 les sociétaires de La Latette. La fruitière reste installée dans des locaux assez étroits, mais qui sont pour l’instant suffisants pour le fonctionnement. En attendant, on soigne l’extérieur : la peinture des murs vient d’être refaite, et l’enseigne  » Promotion fruitière », ainsi que celle des Routes du Comté, sont bien mises en évidence.

Le programme terroir avait été initié par le précédent président, Gaston Baud. L’initiative a été prolongée par la nouvelle équipe. Le panneau de présentation du terroir qui a pris place dans la boutique est vu comme un plus pour les clients et comme une nécessité pour un fromage qui doit son existence à son terroir.

Entouré de ses deux vice-présidents, Gérald Courvoisier et Mickaël Cuynet, Michel Bourgeois en est convaincu : « Le Comté et le terroir, c’est essentiel pour notre avenir. » Un avenir où le mot contrainte ne fait pas peur : «On doit avancer plus vite en ce qui concerne la maîtrise de l’offre. Il faut que ce soit une volonté collective.»

Situation

La fruitière de Rix-Trébief est située sur le plateau de Nozeroy. Le bassin laitier correspond à une surface agricole utile de 1 800 hectares. Les terres s’échelonnent entre 720 m (zone alluviale du « rau » de la Settière) à plus de 960 m sur le lieu-dit « les Communaux » à l’est de La Latette, pour une altitude moyenne de 860 m.

Sous-sol

La fruitière se développe principalement sur un sous-sol crétacé peu poreux, recouvert aux trois quarts par des cailloutis glaciaires drainants : les sols sont en majorité aérés et poreux, superficiels (la profondeur de terre fine aérée et meuble prospectable par les racines de la végétation est inférieure à 35 cm) et assez séchards ; cette sensibilité à la sécheresse est due à une faible réserve en eau utile du sol, compensée par le caractère pluvieux du climat (1 756 mm par an).

Au point de vue fertilité, ce sont d’excellents sols avec des pH voisins de 6,5 et plus, un taux de matières organiques stockées élevé et facilement minéralisables. Ces sols bruns eutrophes (« qui nourrissent bien ») prédominent largement mais sont en mélange avec des sols bruns calcaires sur les petites buttes issues de la micro-topographie glaciaire, sols qui présentent sensiblement les mêmes caractéristiques.

Températures

La température moyenne annuelle est de 6,9°C : inférieure à celle des premier et second plateaux, mais logiquement supérieure à celle de la Haute-Chaîne.

Les amplitudes thermiques sont importantes : entre le jour le plus chaud et le jour le plus froid de l’année, l’écart moyen dépasse les 51°C !

Les étés sont chauds et les hivers sont longs, avec des risques de gelées blanches du 25 septembre au 5 juin.

Croissance de la végétation

La reprise de la végétation se fait avec un mois de retard sur celle des premiers plateaux. En revanche, la végétation arrive à maturité avec seulement 15 jours de retard ! Début mai on assiste à une véritable explosion de toutes les espèces végétales qui débourrent en même temps, à la différence de la succession graduelle des espèces dans le Bas-Jura.

La flore

158 espèces ont été inventoriées dans les prairies permanentes de la fruitière. 25 espèces ont des vertus aromatiques ou galactogènes (exemple : Flouve odorante ou Cumin des prés).

Le Comté de Rix-Trébief

Les fromages de la fruitière de Rix-Trébief associent de façon remarquable complexité aromatique et progression de l’intensité de l’arôme global tout au long de la dégustation. En bouche, les fruits secs (noisette, noix…) sont très présents sur un fond torréfié (amandes grillées /chocolat noir).

Plus le fromage avance en affinage, plus le côté lacté (crème maturée, beurre) s’efface au profit des notes torréfiées et cuir. Le jury du programme terroir relève parfois des nuances de châtaigne cuite et de miel de sapin. D’autres nuances plus discrètes viennent compléter cette palette : champignons des bois, et parfois une touche de réglisse. Les quatre saveurs sont présentes mais l’amertume semblable à celle du chocolat noir reste discrète.

La pâte est l’écrin des arômes; elle a du corps, elle est souvent mûre et fondante; elle laisse le temps aux arômes de s’exprimer.

Développement et coopération

La fruitière est propriétaire d’une porcherie (1 200 porcs). Pour réduire les coûts de transports, la construction d’une conduite directe d’évacuation du sérum de la fruitière vers la porcherie est à l’étude.

La fruitière coopère avec d’autres structures des environs : la coopérative beurrière de Nozeroy qui récupère la crème et le GIE des Fruitières du plateau de Nozeroy qui gère une boutique au centre de Nozeroy.

Enfin, elle a créé un groupement d’employeurs avec les fruitières de Mouthe et Ounans pour que chaque fromager puisse bénéficier de ses périodes de repos.

La fruitière de Rix-Trébief en bref…

Villages concernés : Rix-Trébief, Billecul, La Latette, Esserval-Combe.

19 sociétaires

Président : Michel Bourgeois

Fromager: Philippe Bolard

Affineurs: Petite et Vagne

Litrage: 3,5 millions de litres

Boutique de vente directe

Contact: Fruitière de Rix-Trébief, chemin du Chalet, 39250 Rix-Trébief. Tél. : 03 84 51 13 06
Actualité suivante

Daniel Charité : Hériter, bonifier, transmettre