Ce Franco-Suisse de 49 ans évoque un parcours personnel qui l’a forgé et conduit à croiser les chemins de la filière Comté et des fromages comtois…
«D’origine suisse, né d’un père parisien et d’une mère bernoise, c’est dans un petit village agricole vaudois de 35 habitants que j’ai grandi. J’ai tout de suite aimé les vaches. À 16 ans, j’ai fait mon apprentissage agricole, un mode de formation assez répandu en Suisse, pour reprendre la ferme familiale. Mon premier métier fut donc producteur de lait. Toutefois, un grave accident de travail à l’âge de 19 ans m’a contraint à me reconvertir vers une activité professionnelle moins exigeante physiquement. Ayant la double nationalité, je suis donc venu en France pour faire des études durant les 10 années qui ont suivi, terminant mon cursus par l’ENITA, l’école d’ingénieur de Dijon. J’ai ensuite passé les10 années suivantes à Poligny, à l’Institut Technique du Gruyère où j’ai pu me concentrer sur le métier de l’affinage du Comté. Tout cela en partenariat avec l’INRA, le CIGC et le CTC. J’étais d’ailleurs hébergé dans les locaux du CTC à l’époque !
En 2007, l’ITG (devenu l’ITFF en 2003) devient Actilait, ce qui me permet une ouverture à d’autres productions fromagères. C’est aussi l’occasion qui m’a permis de prendre la coresponsabilité du pôle technologie qui se composait d’une vingtaine de personnes réparties à travers la France. Dès 2006, nous avons aussi saisi l’opportunité de la création des UMT (unités mixtes technologiques) pour retrouver une configuration qui rassemble Actilait, les ENILs et l’INRA pour développer la recherche laitière. C’est dans ce cadre que nous avons pu mener des travaux spécifiques pour la filière Comté : je pense par exemple à l’utilisation du tourteau de colza dans l’alimentation des vaches et son impact sur le Comté. Une autre étude menée cette fois avec d’autres fromages AOP (Reblochon, Munster), a pu montrer le rôle positif du bois pour l’affinage des fromages*.
Pour moi, ce qui est majeur, c’est l’interaction entre la recherche et le terrain. Cette volonté de transfert de connaissances, je l’exprime depuis longtemps au sein de nombreuses formations que j’ai pu dispenser chez les industriels laitiers comme chez les transformateurs fermiers. J’ai également exercé cette activité de transfert dès l’origine de la licence professionnelle « Responsable d’atelier de productions fromagères de terroir » qui est proposée parle CIGC, le CTFC et les ENILs depuis plus de 10 ans dans le secteur fromager franc-comtois.
Après 20 années chez Actilait pour développer la recherche fromagère et le transfert par de l’appui technique et de la formation dans les filières laitières françaises, mon souhait était de pouvoir recentrer mes activités en Franche-Comté. Cette région que j’affectionne représente le berceau du principe de coopération. La valorisation du lait cru par la fabrication de fromages de grandes qualités constitue un véritable moteur du dynamisme local. Travailler au service des filières fromagères franc-comtoises représente donc une motivation qui rejoint pleinement mes valeurs professionnelles.»