Sur les routes enneigées de la Haute-Joux dans le Jura, elle trace son chemin, en attendant que d’autres prennent la relève. Catherine Rousset raconte son parcours, ses engagements au service de sa commune et de la coopérative fromagère.
La petite normande qui venait passer ses vacances, enfant, dans le Jura, a définitivement acquis l’âme comtoise. « À 19 ans, j’ai quitté ma famille et la ville de Rouen pour vivre avec les gens d’ici », raconte Catherine Rousset. Guidée par sa passion pour une nature qu’elle aime et surtout pour un jeune agriculteur du pays, Alain, qui deviendra son mari.
Cogérante depuis 5 ans du magasin de vente de la fruitière de La Baroche, Catherine Rousset fait preuve d’une énergie intacte. « Le magasin continue d’être en plein développement. Il faut satisfaire le touriste et répondre à la demande locale. » La fruitière, installée aux portes du village d’Arsure-Arsurette, est née du regroupement de 3 ateliers en mai 2005. La façade accueillante s’ouvre directement sur le magasin de vente qui est devenu un point de ralliement pour la population des villages alentours.
Crémerie, charcuterie, sirop, bières, miel… Le magasin a des allures d’épicerie fine et recèle tous les trésors de la table franc-comtoise. On y trouve aussi un dépôt de pain et une multitude d’objets souvenirs, souvent fabriqués par des artisans locaux. « Dès le départ, les adhérents ont voulu créer une société pour différencier les activités du magasin et de la coopérative, ce qui nous permet également d’élargir la gamme de produits vendus », explique Catherine Rousset.
En période touristique, les visiteurs affluent. La fruitière fait partie du circuit des Routes du Comté et ouvre régulièrement ses portes, plus de 1 000 personnes ont été reçues l’année dernière, sans compter les cars. Il faut aussi animer des visites pour les classes vertes à certaines périodes de l’année. « Nous faisons un travail d’équipe », souligne Catherine Rousset, citant Hervé Midol, avec qui elle partage la gérance, ses trois vendeuses, Graziella, Nathalie et Pauline, mais aussi les fromagers et les sociétaires. Les portes ouvertes à Noël, par exemple, ont été animées par des producteurs. « Je sais que si je demande de l’aide, ils répondront présents, tout de suite. C’est ça l’esprit coopératif ! Les sociétaires n’ont qu’une seule exigence : que le magasin ne fasse pas de déficit, qu’il assure l’emploi des salariés et surtout qu’il apporte un service de proximité. Le commerce le plus proche est à 10 km ! »
Passionnée par les contacts avec les touristes – « J’étais moi-même une touriste quand j’ai découvert le Jura! » –, elle aime leur expliquer l’histoire du Comté, s’appuyant sur le film du CIGC, « très utile pour montrer le travail de tous les acteurs : agriculteurs, fromagers, affineurs ». Cette passion des autres, elle l’a mise aussi au service de son petit village d’Arsure-Arsurette, 94 âmes dont elle a la charge depuis qu’elle a été élue maire, en 2008. « Améliorer le quotidien de la population, être à l’écoute, travailler en équipe, éviter l’isolement des personnes âgées, me motive… Ce qui m’inquiète le plus dans notre société, c’est le lien social qui s’effiloche. On n’a plus le temps pour rien. J’aimerais arriver à faire davantage, y compris au niveau du magasin, mettre en place différents services… »
Catherine Rousset se donne sans compter, avec le sentiment que rien ne serait possible sans la solidarité de son mari et de son associé de GAEC, Philippe. Un jour, la co-gérante espère passer le relais mais pour l’heure, elle savoure la belle récompense obtenue par la coopérative et son affineur, au salon de l’agriculture : sur les deux médailles d’or attribuées en Comté, une revient à La Baroche.