L’application du Grenelle de l’environnement impose d’ici fin 2012 aux entreprises, collectivités et administrations concernées, la réalisation d’un bilan des émissions de GES (1).
L’étiquetage de ces émissions exprimé en tonne d’équivalent carbone sera bientôt obligatoire sur tous les produits, y compris agro-alimentaires. La réduction de ces émissions se justifie aussi en raison de la hausse du coût des ressources énergétiques.
C’est donc dans ce contexte que la FRCL (2) propose depuis quelques années des diagnostics “Énergies-fluides” en fromagerie. L’ARIATT (3) a également lancé un programme collectif Bilan Carbone®, qui s’est achevé ce printemps, pour permettre aux entreprises agroalimentaires comtoises de calculer leur impact environnemental global et agir en conséquence pour réduire au maximum leurs émissions de GES directes, ou indirectes (celles de leurs fournisseurs par exemple). Ce programme a été suivi par plusieurs entreprises francs-comtoises, dont un atelier de fabrication de Comté et de Morbier et une cave d’affinage de Comté, sous l’égide de l’Union Régionale des Fromages d’Appellation Comtois (URFAC).
(1) GES : gaz à effet de serre.
(2) FRCL : Fédération régionale des coopératives laitières.
(3) ARIATT : Association régionale de l’industrie agroalimentaire et de transfert de technologies.
Éric Chevalier, délégué du CIGC auprès de l’ARIATT sur le programme collectif Bilan Carbone® : « La décision de réaliser un Bilan carbone® dans deux entreprises fromagères venait d’un besoin de se situer réellement quant à nos émissions de GES, de disposer d’un “point zéro” à partir duquel des améliorations seront possibles. Le Bilan Carbone® rentre également dans la démarche environnementale déjà intégrée dans nos filières via les cahiers des charges AOP. Le fait marquant reste qu’avec la méthode, il en résulte que 90 % de nos émissions de GES sont dues à notre matière première, à savoir le lait ! Si l’on met de côté cette matière première dans le bilan (pour obtenir une “Contribution Carbone”), alors on s’aperçoit qu’un travail doit être réalisé sur la réduction de nos consommations d’énergie et de nos fuites de gaz frigorigènes (à ce sujet : passer en centrale ammoniac revient à une émission de GES nulle en cas de fuite…). De plus, pour nos filières, le fait de réaliser l‘affinage sur des planches en épicéa est un avantage énorme car cela représente un puits de carbone (c’est-à-dire un stockage) d’environ 65 kg pour 1 000 places de Comté ! »
47 diagnostics sur l’empreinte écologique des fromageries
47 diagnostics ont été réalisés par la FRCL dans les fromageries de Franche-Comté dans le cadre du programme ESPèR*.
L’empreinte écologique est déterminée par une approche multicritères par site, différente du bilan carbone et résumée par une étiquette énergie-fluides.
La FRCL a décidé de concentrer son action sur ces 2 postes “énergie” et “fluides”.
Au niveau CO2, la synthèse des diagnostics donne une moyenne de 162 t CO2 émis /atelier /an soit 37,6 g CO2 émis /1 000 l lait transformé.
*ESPéR : programme Eau, sous-produits, énergie de la Fédération régionale des coopératives Alpes-Jura-Cantal.
La contribution du Comté dans la réduction des GES à la ferme
En agriculture, les émissions de GES sont composées de méthane (digestion des ruminants), protoxyde d’azote (fertilisants) et gaz carbonique (énergie fuel, électricité…).
Réduire l’émission de GES à la ferme se fait par la réduction des concentrés de l’alimentation, des engrais et de l’énergie, et aussi grâce au stockage des prairies. L’AOP Comté y contribue car elle est peu gourmande en engrais et développe l’autonomie alimentaire (moins de transformation industrielle et de transport).
Mais surtout, elle exige le pâturage. L’INRA estime ainsi que l’élevage d’animaux à l’herbe, comme c’est le cas en Comté, permet de compenser jusqu’à 50 % des émissions de GES grâce au stockage de carbone dans les prairies, empêchant son rejet dans l’atmosphère sous forme de CO2. Ainsi, 1 ha de prairie permanente stocke 500 kg de carbone par ha et par an.
Le choix de la filière Comté de conserver le lait à 12 °C à la ferme pour une meilleure qualité fromagère, et non plus à 4 °C pendant 24h, est aussi moins émetteur de CO2.
Mais le Comté a aussi ses “handicaps” : l’AOP, pour rester dans sa tradition, nécessite une fabrication par jour. La faible densité des agriculteurs sur le territoire, le ramassage du lait tous les jours et la fabrication quotidienne sont un passage obligé, mais pénalisent aussi l’empreinte carbone du Comté. C’est pourquoi il est toujours nécessaire d’avoir une approche globale du bilan carbone d’un produit.