Portrait d’un Polinois d’adoption, fidèle au Comté et à ses valeurs.
Discret, Bernard Petetin n’est pas homme à parler de lui. Mais quand il s’agit du Comté, il accepte et sort de sa réserve. « Issu d’une famille d’agriculteurs à Bonnefontaine, sur le premier plateau jurassien, j’ai baigné dès mon plus jeune âge dans l’univers du Comté. En rentrant de l’école avec le fils du fromager, j’avais plaisir à passer au chalet voir la fabrication du Comté. A l’époque il fabriquait 2 Comté par jour, il y avait toujours un petit morceau de rognure qui nous attendait. Si nous pouvions avoir le « recherchon » après le tirage à la toile du caillé par le fromager c’était encore mieux ! ». Et le Comté ne l’a pas quitté depuis. Après une formation de secrétariat comptabilité, il entre chez l’affineur Arnaud à Poligny. Ses deux fils aussi ont choisi de travailler dans la filière, l’un comme producteur de lait, l’autre chez un fabricant, affineur et conditionneur de fromages. Chez Arnaud, Bernard Petetin commencera au poste de découpe, emballage et vente par correspondance comme simple ouvrier.
Pendant un an, il remplacera aussi le comptable parti au service militaire. « Au bureau, j’avais des fourmis dans les jambes, je n’avais qu’une hâte, retourner à la découpe pour “toucher” le Comté. Il faut que je bouge tout le temps ! ».
Après 40 ans de maison, il est aujourd’hui gérant de l’atelier de conditionnement Comté Mont Jura VPC (vente par correspondance), qui compte une vingtaine de salariés. Il a été le témoin privilégié de l’évolution technique autour de la vente du Comté : découpes en quart de meule, portions, avec la recherche sans cesse de nouveautés dans les emballages.
Et c’est avec grand intérêt qu’il se rend deux fois par an sur des salons de matériels dédiés à la découpe et à l’emballage. Il a aussi suivi de très près l’évolution de la vente de Comté par correspondance : du simple bon de commande papier, au téléphone, pour finir aujourd’hui par internet, les mailings et une page Facebook. « Il faut s’adapter pour rester sans cesse en contact avec la clientèle. Après le pic des ventes par correspondance dans les années 70-80 qui a été suivi d’une baisse progressive sans doute liée à la présence croissante du Comté dans tous les linéaires de France, les volumes repartent à la hausse, le consommateur souhaitant être au plus près des producteurs », constate-t-il aujourd’hui.
Ses liens avec la filière, Bernard les cultive aussi grâce aux animations des Amis du Comté auxquelles il participe en tant que bénévole. Il lui semble essentiel de partager avec les autres ce qu’il aime et de transmettre aux jeunes générations un patrimoine, y compris matériel, comme ces anciens outils de fromagerie qu’il collectionne.
Ce Polinois d’adoption s’est aussi beaucoup investi dans le monde associatif : association de jeu de quilles (pour préserver un patrimoine là aussi) ; association de quartier et surtout la grande Virade de l’espoir dont il a été l’une des chevilles ouvrières à Poligny et qui permet de récolter des fonds pour la recherche contre la mucoviscidose. « C’est une action en faveur des malades et un moment de rencontre dans la convivialité, commente l’homme qui a à coeur de tisser ce maillage humain, fait d’échanges et d’entraide ».
La retraite approche et il faut songer à de nouvelles activités. « J’espère bien garder le contact avec les Amis du Comté et faire partager ma passion pour le Comté, qui m’a suivie et accompagnée durant toute ma vie. Je ne peux pas rester sans rien faire et sans voir du monde. Si je n’avais pas fait le métier que je fais, cela m’aurait plu d’être crémier !»
Pas de regrets pourtant. Bernard s’en tient à sa devise « Laissons le passé passer ».