Quentin Michaud, élève ingénieur et stagiaire à l’URFAC, a étudié le cas de soixante exploitations de la zone AOP. Son camarade de promotion, Valentin Perrard, fait le même travail auprès des AOP/IGP de Savoie.
Le projet est national, porté par le CNIEL et l’Institut de l’élevage, et s’intitule « Ferme laitière bas carbone ». L’objectif est d’établir le « bilan carbone » des élevages français, au moyen d’un logiciel spécifique nouvellement mis au point (Cap2Er), et de rechercher les points d’amélioration possibles. Les AOP ne doivent pas être en reste sur ce plan, c’est pourquoi la FNAOP* s’est lancée dans l’aventure, en impliquant d’emblée 10 filières fromagères au lait de vache, sous AOP et IGP. Pour les 4 AOP du massif jurassien, cette mission a été confi ée à Quentin Michaud, dans le cadre de son mémoire de fin d’étude d’ingénieur (AgroSup Dijon) à l’URFAC.
Quentin réalise donc des « audits carbone », auprès d’un panel d’éleveurs représentatifs de la zone AOP du massif jurassien et des quatre filières. Il en fera une soixantaine et pas plus, car l’objectif n’est pas seulement d’établir des bilans, mais aussi de prendre en main le logiciel, d’étudier sa pertinence dans le cadre particulier des fi lières basées sur le pâturage, d’en pointer les limites et d’étudier l’hypothèse d’un déploiement.
Un entretien de 2 à 3 heures avec le producteur
De nombreuses données sont prises en compte et intégrées dans le logiciel lors de l’audit : effectifs bovins, production laitière de l’atelier, achats d’animaux, d’aliments, d’engrais, consommations en énergies, etc. Une partie importante de l’entretien se base aussi sur le parcellaire de l’exploitation, et notamment les surfaces non agricoles (haies, cours d’eau, etc.) avec une spécifi cité territoriale à prendre en compte : les prés-bois ou bois pâturés. Une fois toutes ces données récupérées, le logiciel effectue l’évaluation environnementale de l’exploitation. Les résultats sont présentés à l’éleveur, puis une discussion s’ouvre autour des potentiels leviers d’action permettant, si besoin, d’améliorer le bilan de l’exploitation. L’entretien dure environ 2 à 3 heures pour collecter toutes les données nécessaires concernant l’exploitation.
Les premiers résultats mettent en lumière les atouts de la région : peu d’intrants et beaucoup de prairies permanentes, même si le travail d’analyse complet reste à effectuer.
Dans un second temps, il s’agira d’agglomérer ces données exploitations à celles des fruitières et des entreprises d’affinage, afin d’établir le bilan carbone global du Comté. « Une fois cette première phase achevée, nous étudierons s’il est pertinent d’étendre le dispositif à d’autres exploitations dans les années à venir », termine Denise Renard, directrice adjointe du CIGC.
*FNAOP : Fédération Nationale des Appellations d’Origine Protégée.
Un poids et des mesures
Ce qui pèse lourd dans le bilan carbone : les achats d’aliments, d’engrais, les consommations en fuel… Ce sont les principaux leviers d’action pour réduire le bilan.
Ce qui allège le bilan carbone : les surfaces en prairies permanentes, les haies qui captent le carbone organique pendant la photosynthèse, ce sont les « compensations carbone ».